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Architecture

L’architecture, le cadre bâti, sont des expériences à la fois esthétiques et poétiques et aussi des lieux potentiels de médiation entre les fondements d’une société et chacun de nous.

L’architecture est un concentré de mise en forme, de recherche de sens et du sens possible de l’environnement dans lequel nous vivons, qui peut susciter notre réflexion vers cette pensée majoritairement individuelle et collective…

Trente ans de déstructuration du cadre bâti, le produit d’une organisation dominée par une pensée  majoritairement économique unique se traduisent, par l’extension anarchique de bourgs et villages, des lotissements coupés de la proximité des anciens habitants, des centres commerciaux qui ne sont que des juxtapositions de « boîtes » aveugles, des bâtiments et des bureaux clinquants, vulgaires et suffisants…

Tout ce fatras hétéroclite et incohérent a participé à endormir et à emporter l’opinion publique : elle ne voit pas de mal à ces constructions, ces quartiers qui font table rase des tissus, des paysages et des spécificités des environnements, ne laissant que peu de place à une architecture et à un urbanisme cherchant à exprimer du sens…

Pourquoi vous donnez-vous tant de peine ? Nous demande-t-on.

 

Se sentir bien dans un lieu

L’architecture…

C’est pouvoir créer et façonner des lieux qui participent à la beauté du monde et en témoignent, des lieux où l’on se sent bien et qui permettent à ceux qui les habitent d’exprimer et de contribuer à ce bien-être.

Ce sont des lieux qui rayonnent d’une présence et nous incitent à révéler le meilleur de nous-mêmes, cela à toutes les échelles, depuis les grands paysages, les projets de territoires, de villes, de réseaux, d’espaces publics, d’îlots, de bâtiments, jusqu’au plus petit détail du quotidien.
« Small is beautiful » (E. F. Schumacher) et « Dieu est dans le détail » (L. Mies van der Rohe).

Il n’est pas utile d’être un professionnel ou de s’en remettre à d’autres : nous ressentons tous la différence entre un bon, un moins bon et un carrément mauvais lieu.

Se sentir bien dans un lieu. C’est un peu comme se sentir bien dans sa peau, ce pourrait être le souhait de tous les habitants, et de tout architecte qui se respecte et respecte ceux qui sont les destinataires de ses projets.
Se sentir bien dans un lieu, cela peut, à l’inverse, à partir de chez soi, du plus intime, déborder, passer du dedans au dehors, franchir le seuil, cheminer par les ruelles, rejoindre la place publique et les espaces naturels.
C’est une façon d’apprendre à regarder, à écouter, à marcher, à parler, à circuler, à inscrire son corps dans l’espace, à rencontrer l’autre.
Il y a des tas de gens qui ne savent pas où se mettre, comment habiter leur corps, leur intérieur, la ville, et comment approcher l’autre.

Être hanté par cette question du bien-être, à créer, à donner, à partager, c’est une question de méthode et d’éthique.
Il y a une logique humaine à tout cela, une cohérence, la vie et l’œuvre tissée inextricablement, avec toujours le retour à l’étincelle du départ, comme dans la rencontre.
Se sentir bien dans un lieu, c’est une autre manière de se demander à quoi servent un architecte, un urbaniste.

Il y a des lieux qui semblent avoir inscrit depuis toujours leur place dans l’espace et l’histoire des hommes, dont l’harmonie et la beauté continuent à vivre et à enchanter et inspirer ceux qui les habitent ou les approchent.
On parle du génie des lieux.

Il y a la ville qui se fait et se défait, qui se reconstruit en permanence sur elle-même.
Il y a la terre, les fleuves, l’air et les arbres, aimés ou malmenés, qui continuent à appeler à l’aide et au respect.
Il y a tout l’espace à envisager.

Apprendre à habiter le monde, à le rendre habitable.
Par où commencer ?

Bernard Kohn et Françoise Séloron