La Manufacture des Pays, association | de Villeneuvette à Lodève
2002
L'urbanisme à la dérive - L’étalement urbain
J'ai toujours été scandalisé par l’évolution de l’urbanisation qui entoure Villeneuvette, et du contraste qu’il y a entre ce lieu singulier d’une indéniable qualité et ces nouvelles formes urbaines dévoreuses d’espaces qui semblent être les seules alternatives à la croissance démographique des communes du Cœur d’Hérault et à la pression foncière qui s’exerce sur le monde rural. Ce sont des réponses toutes faites, comme on en trouve partout ailleurs, à la place d’une réelle réflexion qui s’intégrerait dans des projets urbains à plus long terme. Et puis le double discours des politiques locaux et des administrations de l’Etat qui consiste à vanter la qualité de vie de cette région tout en contribuant à la détruire, m’était et m’est toujours insupportable.
Nous avons créé depuis 2002 pendant les journées du Patrimoine, des rencontres - débats, ateliers - expos autour de ces thèmes. Nous avons également créé une association “ La manufacture des paysages” comme boîte à idées, outil pédagogique, force de propositions pour “penser le patrimoine et les territoires de demain” et faire le lien entre Villeneuvette et le Cœur d’Hérault.
Nous dénonçons les stratégies actuelles de développement urbain qui ont uniquement recours à des lotissements coupés du centre-ville, sans espaces publics ni espaces de rencontres, ou à de très vastes “zones” commerciales uni fonctionnelles, reposant sur l’usage exclusif de la voiture et engendrant l’isolement des habitants et la perte de relations sociales. On baigne dans un no man’s land complet et on construit, à l’horizontale, l’équivalent des grands ensembles, mais cette fois-ci pour les classes moyennes, encore qu’il existe aussi du “bas de gamme” pour des familles plus modestes. Et bien sûr s’y ajoutent les infrastructures routières à haut débit qui ne font que renforcer le mitage de l’environnement et l’étalement urbain.
Nous proposons d’apporter d’autres formes d’urbanisation et d’architecture, qui ne seraient pas en rupture avec l’ancien tissu urbain des villages, et leur mode d’habiter. En occupant moins d’espace, elles renforceraient le “sens urbain” des communes existantes au lieu de les dessaisir de leur identité, tout en permettant une meilleure prise en compte des terres agricoles et le respect de l’environnement. En recherchant une forme et un vocabulaire architectural d’aujourd’hui, elles participeraient ainsi à la réalisation d’une identité dynamique et contemporaine. Le territoire est un bien commun à entretenir, à partager et à protéger selon un principe d’équité.
En réalité les communes, ici dans le cœur d’Hérault, sont les seules à avoir un droit sur l’urbanisme, ce qu’on appelle la compétence. Les trois communautés de communes du Pays Coeur d'Hérault, n’ont pas opté pour cette compétence, si bien que chaque commune garde la maîtrise de son territoire. Il y a des aménagements intercommunaux concernant les ordures ménagères, le ramassage scolaire par exemple, ou le développement économique (ce qui se traduit notamment par l’implantation massive de ces zones commerciales et artisanales sans qualité). Mais concernant l’urbanisme, il y a un vide total. Et le projet d’accroissement d’une commune se fait sans concertation avec les communes limitrophes. C’est une aberration. C’est une histoire politique de petits fiefs, de petits chefs qui veulent garder leur pouvoir. Les maires sont les seuls maîtres à bord.
Comment leur faire prendre conscience des problèmes liés au développement urbain, à la nécessité d’une gestion démocratique du territoire qui passe par la concertation, la mixité sociale et la volonté de vivre ensemble ?
Il faut commencer par faire de la pédagogie pour élu local, mais aussi à tous les niveaux, enfants, adultes, citoyens. Il faudrait une “insurrection des consciences”, comme dit Pierre Rabhi. Il faudrait aller voir ce qui se passe ailleurs, dans des villes européennes démographiquement équivalentes. Continuer à provoquer des rencontres, des débats, généraliser la pratique du jeu urbain et des études comparatives entre anciens et nouveaux tissus urbains, rédiger des livres blancs ou noirs sur l’état des lieux, élaborer des chartes sur le devenir urbain, créer un outil permanent, un atelier d’urbanisme d’analyse, d’étude, de planification et de sensibilisation des habitants, doté d’une équipe professionnelle et pluridisciplinaire, etc.
Ici le discours habituel, aussi bien des élus que des professionnels de l’urbanisme ou d’ailleurs, c’est de répondre à ce que “demandent les gens”. Et que veulent les gens ? Vendre leurs terrains et leurs maisons de village. Avoir de l’eau, mais pas d’inondation. Un peu de paix, quelques fêtes pendant l’année, pas trop de voleurs. Mais c’est un discours à double tranchant, parce qu’on ne leur donne pas vraiment le choix, aux gens. Et d’autre part, la seule chose à faire pour un maire, s’il veut être réélu, c’est vendre la terre agricole en terrain constructible.
Il faudrait trouver des exemples de syndicats intercommunaux avec d’autres ambitions. Comment le savoir ? En faisant venir des étudiants sur le terrain.
Pourquoi venir faire de l’agit-prop en Languedoc ? Alimenter et poursuivre le combat contre la mondialisation, dans la proximité du Larzac sur le thème “un autre monde est possible” ? Occuper les terres viticoles avant qu’elles ne deviennent des lotissements, comme le suggère la Confédération paysanne ? Initier des actes symboliques forts et fédérateurs, des actes de défiance pour faire avancer les choses ? Essayer pour le moins de faire prendre conscience aux gens de la catastrophe qui se prépare et qui touche aux façons de vivre et d’habiter le pays face à une extension urbaine mal gérée, dans le laisser-aller politique ambiant, la pensée à court terme et l’absence de projet ?
Des événements, des temps forts comme ceux autour des Journées du Patrimoine. Des blocages aussi. Des hostilités. Du non-dit. Du double discours. Et peut-être demain enfin, un projet qui pourrait se concrétiser et “secouer le cocotier”. Une autre manière, ici, au cœur de l’Hérault, de fédérer et de poursuivre la route.
Atelier d'initiation à la construction et à l'urbanisme
Un semestre au collège de Gignac pour initier une classe aux travaux manuelles et conception de cabanes.
Par la suite, chaque cabane ont été déplacés pour créer un village.
Chaque cabane avait une note musicale. Une fois le village créé, le prof de musique a créé une composition.
Comment faire de l’architecture scolaire le 3ème éducateur de l’enfant ?
Le service éducatif de la manufacture des paysages intervient régulièrement dans de multiples écoles de l’Hérault, pour des animations sur l’architecture de l’école, du village ou du quartier. Ces animations accompagnent les enseignants, et les enfants, et les aident à passer de leur perception de l’espace vécu, à sa représentation, à son analyse, à son histoire... en interaction et transversalité avec le programme scolaire en primaire collège, lycée.
Sensible aux questions spatiales, l’équipe de professionnelles et de bénévoles du service éducatif a vu sa curiosité attisée par la grande disparité du vécu des bâtiments scolaires, tant du point de vue des enfants que des équipes enseignantes ou techniciennes des écoles primaires de l’Hérault. Ce projet d’étude est née de l’aspiration à contribuer à une véritable adéquation entre l’architecture scolaire contemporaine, l’aménagement des écoles et les besoins de ses usagers.
Matière Grise et réemploi : un retour en images
Pendant la durée de l’exposition Matière Grise et Réemploi, qui s’est tenue dans la halle du tiers-lieu lodévois La Distillerie du 3 au 18 juin 2022, plusieurs évènements avaient été programmés :
1. Le vernissage de l’exposition le 3 juin 2022
Celle-ci s’est déroulée en présence de Gaëlle Lévêque, conseillère départementale et maire de Lodève, d’Hugues Moutouh, préfet de l’Hérault, de Marc Laget (programme « Nouveaux Lieux, Nouveaux Liens » à l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires ) et de Pierre Causse, président de la Manufacture des pays.
Et voici un aperçu en images de l’exposition montée sur des palettes de récupération prêtées par la Grande Conserve.