Je suis reconnaissant envers…
Gandhi, Martin Luther King, Paolo Freire, Ivan Illich, puis Patrick Geddes qui reste pour moi un incontournable visionnaire… Martin Buber, Dom Helder Camara, Pierre Rabhi, E. F. Schumacher, et dans notre domaine : Louis I. Kahn, Aldo Van Eyck, Kevin Lynch, Christopher Alexander, Giancarlo de Carlo, George Nakashima et, plus reliées à notre travail dans l’Hérault, les contributions d’Alberto Magnaghi:« le village urbain », et de David Mangin "la ville franchisée".
Je ne peux pas oublier ces incroyables artisans d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs, des hommes dont les revues en général ne parlent pas.
Au Palais de Justice de Montpellier, j’ai tenu à apposer, à l’entrée, une grande plaque avec plus de six cents noms : ceux des ouvriers ayant travaillé sur le chantier. Sans eux, pas d’œuvre. Cette reconnaissance, c’est aussi une forme de participation.
Positionnement
Nous ne sommes que de passage dans un monde inachevé et envers lequel nous avons la responsabilité éthique de nous questionner sur notre rôle et de participer à son amélioration…
Peut-on construire des bâtiments démesurés sans être conscient des inégalités sociales et ne pas contribuer à les accroître par nos propositions et nos projets, parfois « prestigieux » comme ces arrogantes tours auprès desquelles, de Shanghai à Marseille la pauvreté subsiste…
Comment se fait-il que j’ai la joie et le privilège de pouvoir exister, concevoir, partager, transmettre…
Nous construisons pour les enfants d’aujourd’hui, de demain…
Vis-à-vis d’eux, je souhaite ne pas participer à la destruction de notre environnement.
Témoigner d’une pratique…
Être présent dans le monde qui nous entoure
J’ai toujours conçu des projets centrés sur l’homme, ses activités, son environnement, et des cadres de vie souvent issus d’un travail conjoint ou en interface avec les habitants, les étudiants…
C'est bâtir des lieux, et pas uniquement des mètres carrés que l’on empile ou étale. L’architecture est capable de créer des cadres de vie fonctionnels et poétiques, qui peuvent faciliter le développement d’activités et l’épanouissement des gens qui les habitent. Les lieux que je souhaite respirent. Ils sont le reflet d’une constante recherche du sens du projet. Parallèlement à l’art de construire, je suis très préoccupé par la façon dont nous nous situons face à ce qui se passe localement, et dans le monde.
Nous restons les témoins tout en participant, même indirectement, aux criantes inégalités politiques, sociales et culturelles qui s’y déroulent. Comme chacun d’entre nous, j’assume ma part de responsabilité. Mais les lieux bâtis ne peuvent pas aller au-delà d’un certain point. Ils ne peuvent pas résoudre les problèmes de société.
Comment, dans ce contexte, élargir notre engagement ?
En réponse à cette interrogation, aussi bien dans les projets de mon atelier qu’en d’autres domaines, je me suis continuellement et fortement engagé dans l’enseignement, la formation et le partage de connaissances, avec le souci d’élaborer, d’utiliser et de faire connaître des méthodologies de projet.
Ces préoccupations apparaissent dans:
▪︎ des projets d’architecture et tout particulièrement d’architecture participative,
▪︎ des expériences d’enseignement universitaire et de pédagogie interactive,
▪︎ des activités associatives.
La recherche du sens et de la pertinence des lieux que nous concevons
Projets d’architecture
▪︎ Une architecture consciente des sensibilités, des vécus et du quotidien des usagers, de la signification et de la beauté des détails, et attentive à l’insertion des projets dans le cadre urbain:
Palais de justice de Montpellier, lignes de métro à Paris et Turin, ambassade de France à Mexico, projets d’habitat individuels et groupés, récent projet à Ahmedabad…
▪︎ Une architecture participative, fruit d’un dialogue entre les habitants, les données et les contraintes économiques et environnementales, et l’architecte, utilisant une méthodologie d’écoutes réciproques, de concertation et de participation:
Le Buisson Saint-Louis, HLM locatifs à Gennevilliers et Yzeure...
Pédagogie interactive
La préoccupation de la formation et la pratique d’une pédagogie activement engagée avec un territoire ne me quittent pas. Fortement inspiré par Patrick Geddes et l’«université militante», j’ai réalisé plusieurs expériences pédagogiques et innovantes en Inde :
- 1962 : co-initiateur de l'école d'architecture d'Ahmedabad devenu CEPT (Centre d'Environnement de Planification et de Technologie)
- 1966 : l'Institut d’été dans l'état du Gujarat
- 1968-1969 : les workshops Sabarmati "CEPT"
Et, des expériences pédagogiques et innovantes en France :
- 1972 : l'Antenne pédagogique de Cergy-Pontoise
- 1974 : l’Atelier public d’architecture et d’urbanisme de Coupvray et Quincy-Voisin
Sensibiliser, former, interroger, créer
Cette responsabilité vis-à-vis du grand public a pris forme dès 2002 dans le cadre de l’association "La Manufacture des Paysages" à Octon, dans l’Hérault. Les activités y ont été multiples et variées tels des ateliers de cabanes avec un jeune public, des formations auprès des élus, des expositions, ou encore des réflexions autour de projets urbains comme la définition d’une place à Lodève...
En 2018, cette association est devenue "La Manufacture des Pays" avec "l'Atelier de la Main" à Lodève : aménagement des cours d'écoles et collèges.
Afin de faciliter les échanges, différents langages de médiation sont pratiqués: la parole, l’écrit, les schémas, la manipulation d’objets, de maquettes et l’implication du corps…